Pour savoir si le chambara s'exclue des préceptes d'Ozawa senseï, il faut se poser une question : quel rapport le chambara entrentient-il avec le zen ?
Je m'explique. Les DO japonais et en particuliers ceux qui plongent leurs racines dans l'histoire des guerriers du Japon (kendo, iaido, naginata, kyudo, cha do) sont intiment liés au Zen. Importé de chine, le Zen va, pour faire court, pacifier les pratiques guerrières du samouraïs. C'est ce même zen qui va leur apprendre a affronter la mort de manière sereine. Ce n'est pas pour rien si la positon de zazen est la même que la position zeiza ou la garde de kendo. C'est l'axe verticale qui relie la terre au ciel afin d'être en harmonie avec l'univers. De cet axe vertical nait une certaine rigidité apparente qui permet la concentration de l'énergie dans le hara lors de la pratique. Le kenjutsu va devenir ainsi le kendo. La pratique d'un art de survie va devenir une pratique de développement personnel.
Pour K G Durckeim, « Tous les arts au service du « Chemin », la cérémonie du thé, le tir à l’arc, l’assise (zazen), le combat au sabre, tendent par principe au Haragei. Les qualités spirituelles qu’implique le Hara pour le Japonais : calme absolu et inconditionnel, extrême sensibilité, grande faculté de compréhension, tout cela lié à une promptitude de réaction dans des situations inattendues ainsi qu’à une extraordinaire rapidité de réaction. La progression systématique sur la Voie intérieure dépend de trois facteurs : l'expérience vécue, la prise de conscience et l'exercice. Faire des exercices sans saisir les conditions préalables qu’ils supposent est aussi infructueux et stérile qu’une prise de conscience qui n’est pas d’abord fondée sur une expérience. Le hara pratiqué uniquement sous l’angle de la technique ne saurait donner de résultat durable. Il faut donc ne pas oublier que, lorsqu’on parle du Hara, on l’envisage sous trois aspects : l'expérience vécue, la prise de conscience et l'exercice. »
Le docteur C.Durix, pratiquant de kendo, de iaido et maître zen vas jusqu'à écrire que "C’est pourquoi les grand maîtres du Sabre vous recommandent de pratiquer aussi le zen. Ils vont même jusqu’à dire qu’au-delà du cinquième dan, on ne peut plus faire aucun progrès si l’on ne pratique pas en même temps le zen"
En kendo et en iaido, la coupe est faite moins à l’aide des bras que du point centrale d’équilibre (hara) utilisant les bras comme leviers. Les bras, au moment de l’impact, restent tendus et rigides, la force dérivant d’un brusque mouvement en avant du corps tout entier. Au moment où l’on fait le mouvement, de même que durant tout le combat, nous retrouvons un centre immuable au milieu d’une activité foudroyante. Pendant les échanges rapides de coup de sabre, le point d’équilibre doit, dans toute la mesure du possible, demeurer immuable. Ainsi, le point de départ de la force et le centre de l’action demeurent immuables jusqu’au coup fatal, où la lame est abaissée avec une force terrifiante, se terminant par un mouvement en avant du centre rapide et énergique, accompagné d’un cri terrifiant lancé comme si le souffle jaillissait des profondeurs de l’être
Concernant la compétition, je la pratique non pour la médaille en chocolat mais pour apprendre à me libérer de l'envie de gagner. La confrontation en compétition me permet de mesurer uniquement ma pratique par rapport à l'œil extérieur de l'arbitrage. Le kendo de l'adversaire est juste un problème à surmonter, surtout lorsque l'on rencontre des pratiquants complétements déformé par la compétition. Comme dit mon prof, en kendo il faut être deux pour pratiquer.
L'important n'est donc pas de gagner mais de mettre un "vrai men", le men de ta vie. Je préfère perdre un combat en pratiquant un kendo propre que de gagner avec une pratique de chiffonnier. En exagérant un peu, le combat de kendo devrait être en un seul point : tu coupet ou tu meurs.
En conclusion, toute pratique peut devenir un "chemin" a condition d'être conscient de sa pratique, ici et maintenant et sans esprit de profit. Ce n'est pas une question de ferveur mais de prise de conscience.
Références :
- K G Durckeim : hara, centre vital de l'homme (courrier du livre)
- C Durix : le sabre et la vie (G Trédaniel)
_________________ La voie du zen est la voie du maître d'armes.
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