Zazen, la concentration avant l’action par Deshimaru Taisen, moine zen, pratiquant de kendo, dans son livre : zen et arts martiaux (albin michel) et d'autres écrits. Il introduisit le zen do d'obédiance Soto en France dans les années 70.
" - Les Arts Martiaux plus le Zen forment le Budo japonais. Le budo japonais s’est développé en relation directe avec l’éthique, la philosophie et la religion, et sans aucun rapport avec le sport. Le sport et les arts martiaux sont différents. Dans le sport, il y a le temps. Dans les arts martiaux, il n’y a que l’instant. Dans le domaine sportif, la technique (waza) et l’activité (ki) sont très importantes, alors que, dans le véritable budo, l’art de la protection de soi et l’action passive de « saisir » (saisir le moment) sont les éléments essentiels.
- Auparavant, du temps des samouraïs, il y avait le respect de la méditation : avant l’action, on se concentrait en zazen. Concentration puis action. Pour que l’action soit juste, il faut que la méditation la précède et coexiste à elle. Alors seulement se dévoile la vraie liberté. Il faut canaliser tension du corps et habilité de la technique dans l’attention-intuition de l’esprit. L’esprit est alors vide, ku, sans failles. C’est ça le Zen. C’est aussi cela la vraie voie du Budo. L’intuition et l’action doivent jaillir en même temps. Il ne peut y avoir de pensées dans la pratique du budo. Il n’y a pas une seule seconde pour penser. Le vrai kendo, le vrai iaido, le vrai zen doivent être au-delà de la relativité. Cela veut dire cesser de choisir, de sélectionner un côté ou l’autre dans le relatif, prendre une seule décision.
- La vraie essence des kata se retrouve non dans les gestes eux-mêmes, mais dans la façon dont l’esprit les rend justes. Vivre le véritable esprit du geste : le kata, par l’entraînement, doit se confondre avec l’esprit. Plus l’esprit sera fort, plus le kata sera fort. Aujourd’hui, on devrait donc pratiquer dans chaque kata, chaque combat, comme si sa vie se trouvait engagée, même avec des sabres en bois. Alors les arts martiaux retrouveraient leur vraie place : la pratique de la Voie. Sinon ce n’est qu’un jeu.
- Dans le zen comme dans le budo, la première période est la période d’entraînement par la volonté et l’effort conscients. La deuxième étape est celle du temps de la concentration sans conscience, le disciple est en paix. Durant la troisième période, l’esprit atteint la vraie liberté. Ces trois étapes sont identiques dans le zen et le budo. Pour apprendre à respirer correctement, il faut prendre la posture de zazen. En zazen, on peut rassembler ses énergies, laisser passer les pensées comme des nuages dans le ciel, détendre ses tensions nerveuses et musculaires, se concentrer sur la posture, dos droit, nuque droite, mains jointes, dont les doigts ne font ni montagne ni vallée, et pratiquer la vraie respiration, fondée sur l’expiration profonde dans le hara, cette zone qui se situe à deux largeurs de doigts en dessous du nombril."
dans le même livre, il y a un chapitre consacré à la position du corps et celle des mains. C'est surtout une affaire de tradition avec des différences entre chinois et japonais, soto et rinzai mais fondamentalement ce qui compte c'est la pratique.
A lire aussi :
- Deshimaru : la pratique du zen (Albin Michel)
- Taïkan Jyoji : zen et zazen (le courrier du livre). court et facile, c'est une excellente introduction au zen.
- Claude Durix : le sabre de vie (G.Tredaniel)
Nota : Deshimaru, c'est l'Homme assis en zazen devant un 8 dan de kendo du nom de Hono dans la photo de mon avatar. L'un étudiait le kendo auprès de l'autre et l'autre le zen auprès de l'un.
_________________ La voie du zen est la voie du maître d'armes.
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