Décidément, ce post suscite bien des passions...
Je n'avais pas vraiment le temps de répondre hier soir à tes propos, azumi, et depuis bien d'autres messages sont arrivés. Quoiqu'il en soit, ton post d'hier soulevait de vrais points de discussion, ce qui, accorde le, n'a pas toujours été le cas avec des propos plutôt polémiques et provocateurs que construits.
Je trouve que mettre en perspective le fait qu'une grande partie de l'équipe de France soit composée des élèves des entraîneurs pose effectivement une vraie question : s'il est logique que ces entraîneurs diffusent auprès de leur élèves leur intérêt pour la compétition, s'il est donc logique de retrouver ces mêmes élèves dans les palmarès des championnats de France et donc dans le groupe France par la suite, on peut se poser la question des autres pratiquants. Où sont ils ? Et comment amener de la diversité dans les équipes, dans leurs fonctionnement, dans les représentations aussi des entraîneurs si besoin ?
La réponse nous appartient, en tant que pratiquants et / ou enseignants, que faisons nous pour faire avancer les choses, pour changer cet état de fait, comme l'ont un jour changé ceux qui encadrent aujourd'hui le groupe France ? Sommes nous volontaires pour nous entraîner à la compétition, diffuser la compétition comme outil de travail auprès de nos élèves ? Pour ma part, je ne crois pas, au vu des réactions que suscite l'idée même de compétition chez la grande majorité des pratiquants avec qui j'échange à ce propos. C'est, à mon sens, dommage, et j'espère bien pouvoir changer cet état d'esprit chez certains de mes élèves... et je le répète, c'est un point de perspective intéressant que tu as soulevé là (s'il ne s'agit bien entendu que de cela, et pas d'évoquer un quelconque « copinage » ou une éventuelle « idolâtrie » des élèves pour leurs senseï / entraîneurs... ce qui serait pour le moins injurieux pour les uns comme les autres, tu en conviendras).
Un deuxième argument avancé me semble intéressant : « quand on ne récolte pas le fruit de son travail ». Il me semble que si les compte-rendus d'entraînements nous livrent un certains nombres d'objectifs opérationnels, de moyens, de pistes de travail, d'évolution au fil des entraînements, il nous manque en effet les objectifs généraux de la sous-commission haut niveau pour comprendre complètement la démarche entreprise. A un moment, il est noté qu'un objectif complexe a été atteint, celui de fédérer un groupe France (23 juillet).
A aucun moment, il n'est affiché comme objectif général à court terme de « remporter les EIC ». Je crois alors qu'on se trompe de cible en regrettant un manque de résultats, et que les réactions en retour sont forcément vives elles aussi.
Entre les EIC 2009 et 2010, 75% de l'équipe est restée la même. Entre les EIC 2010 et 2011, 4 personnes seulement sont restées. Certes, en individuel, les résultats peuvent sembler inférieurs : 80 % des compétiteurs sortis des poules pour 83,3% en 2010 (c'est du pareil au même, avec une équipe de 12 en 2010 pour une équipe de 10 en 2011) et pas de médailles alors qu'en 2010, 3e en Shodan et 2e en Yondan. Maintenant, attendons les tableaux exacts pour voir quels parcours ont été réalisés par ces « jeunes » compétiteurs par rapport aux « anciens » de l'an passé. Et attendons un peu qu'ils « mûrissent » en compétition. En équipe, il n'y a pas photo : sortie dès les poules l'an passé, 3e place cette année, le résultat est là. Et je n'ai pas eu l'impression que les membres de l'équipe comme ceux de l'encadrement ne se remettait pas en question tout au long des compte-rendus et au vu des résultats.
Raoul, lorsque tu dis « point de réponse sur l'utilité de techniques satellites à ce jour », je crois qu'amandine a expliqué ce que lui avais apporté la sophrologie dans la compétition. Je te rejoins quand tu dis qu'un budo peut se suffire à lui même, mais un peu de décentrage de temps en temps ne fais pas de mal en terme d'évaluation formative et peut permettre de se focaliser à nouveau sur sa pratique de manière plus efficace. Lorsqu'un élève ne comprend pas ce que je lui dis, je lui dis autrement, ou encore je lui montre, ou encore je prends un autre chemin pour arriver à mes fins.
A un moment, dans la pratique, nous avons tous nos « trucs », nos béquilles peut être pour avancer : la plupart d'entre elles, nous les abandonnons en progressant, en nous débarrassant de nos tics. La voie ne me paraît pas droite, mais sinueuse, et les tours et détours nous appartiennent en propre. Je te dirais même qu'il me semble que dans l'enseignement, la transmission, c'est une vraie gageure que de laisser l'autre découvrir ses propres chemins sinueux sans qu'ils l'entraînent vers des voie sans issue, car un « truc » ne doit pas masquer / être ou devenir un défaut, un obstacle, une « gangue »... Après, j'ai beau chercher, je ne vois pas d'autres « techniques satellites » dans les compte-rendus, rien d'autre que du travail habituel en iaïdo...
« L'équipe de France appartient-elle à toute la France ? ». Si c'est pour dire qu'elle appartient davantage aux entraîneurs, je ne reviendrais pas sur les argument que j'ai donné plus haut. Ensuite, si c'est pour dire que ça m'engage en tant que français, là, je serais catégorique, mais c'est clair que ça n'est strictement que mon point de vue : NON ! L'équipe de France n'engage pour moi que les iaïdoka du CNK, soit environ 1904 personnes pour 2010-2011 si ma mémoire est bonne, et moins même si on enlève les pratiquants qui ne se sentent pas concernés par la compétition ou qui en ignore même l'existence. En tant que citoyen, je ne suis pas comme les journalistes sportifs, je ne me sens pas engagé dans une guerre avec d'autres pays. Les « on a gagné / ils ont perdus », très peu pour moi, je laisse ça aux bovins et autres ovins de tous poils.
Prendre une place en « équipe de compétition iaïdo du CNK, représentant la France en tant que fédération délégataire et représentante de la ZNKR au sein de l'EKF » (là, ça re-situe le contexte), c'est à la fois lié aux compétences (via la sélection) et à la volonté (on peut être sollicités et ne pas avoir envie, aussi). Si j'accepte le côté « victoire / défaite » dans les compétitions de iaïdo, c'est parce que c'est avant tout une bande de pratiquants qui se connaissent au niveau européen et qui ont plaisir à se retrouver pour se mesurer les uns aux autres. L'émulation est forte, mais on reste dans un cadre où les passions ne sont pas exacerbées (du fait que le iaïdo ne soit pas non plus un institution comme le football par exemple). Après, j'ai plus de facilité à connaître les gens du groupe France que ceux de la Jordanie, et quand les gens que je connais gagnent, je suis plus facilement content pour eux que pour un illustre inconnu, ça c'est bien normal... et je me sens engagé que si je le souhaite, pas en payant une cotisation obligatoire ou en m'inscrivant sur des listes électorales.
Merci de m'avoir lu jusque là,
Fred
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