Raoul a écrit:
Ne nous leurrons pas, si les enjeux financiers d'un champion du monde de judo reposaient pareillement sur les épaules du kendoka le plus émérite, nul doute qu'on assisterait aux mêmes comportements... Foin des fantasmes de loyauté dans les budos de compétition. Le judo n'est plus qu'une lutte, tout l'habillage vertueux et grandiloquant attribué aux valeureux samourais n'est que comédie. De quelles valeurs parles-tu? De l'habillage chevaleresque ou des actes?
L'habillage chevaleresque du bushido est un conte, une berceuse qui flatte l'ego, pour enfin se sentir noble, franc, loyal, magnanime, bref étincelant de tous les poncifs cinématographiques qui ont magnifié Charlton Heston (Ben Hur) et Toshiro Mifune (Les 7 samouraïs)!
Pour la
réalité des actes, essaie de voir le véritable moteur pas toujours propre de toute organisation (le pouvoir et le flouze), et tu comprendras l'utilité des habillages magnifiques. Ce qui est drôle c'est qu'on trouve le même type de fonctionnements dans des fraternelles qui se réclament idéologiquement de "Lumières" mais qui
en réalité restent dans les ténébreux secrets de leurs affaires.
Différencier toujours les habits des actes... c'est le b-a ba du vigilant.
Donc pour résumer : l'étiquette en compétition n'est que le résultat du conditionnement des samouraïs près à s'ouvrir le ventre pour obéir aux obscures motivations inavouables des loges maçonniques
Plus sérieusement, et n'étant fran-mac, j'ai du mal a suivre le raisonnement de Raoul.
- En quoi saluer ou non son adversaire à la fin du combat est-il un le reflet des motivations profondes de la FFJDA ? Pourquoi aller chercher chez les autres ce qui peut être provoquer par nous même et notre ego toujours prompte a nous faire croire que nous sommes le meilleur ? Cet ego qui exprime "nos pensées les plus inavouables".
- En quoi saluer son adversaire est-il un conditionnement venant de "
L'habillage chevaleresque du bushido est un conte, une berceuse qui flatte l'ego, pour enfin se sentir noble, franc, loyal" ?
Mais à ce titre, tout les matins quand je dis bonjour à mon épouse je suis conditionné.
A chaque fois que je vais au dojo, je suis conditionné dans mes gestes par une pratique et une étiquette venue de la société japonaise ancienne. Dojo que personne ne me force à fréquenter par ailleurs.
Se lever tout les matins en pouvant se regarder dans une glace parce que l'on essaye dans sa vie quotidienne de se comporter sur le plan personnel de manière "noble, franc, loyal" avec les autres êtres humains est aussi un conditionnement. Le conditionnement depuis plus de 2000 ans de la vie des hommes en groupe.
Tous les jours, nous sommes tous conditionnés à vivre en famille, en groupe, en société. Cela s'appelle le savoir-vivre.
La politesse en compétition n'est donc que le reflet de la politesse dans la vie quotidienne.
Ce savoir-vivre a un habillage : l'étiquette". Étiquette qui n'a rien à voir avec l'argent mais qui, étrangement, est très similaire entre deux civilisations qui ont eu des contacts tardifs ne leur permettant pas de s'influencer mutuellement sur le plan éthique, morale, etc. Sinon nous sommes des bêtes. Mais même les bêtes sont conditionnées pour vivre en groupe et elles ignorent tout de l'argent.
D'autre-part, ramener tout acte personnel à un "conditionnement par l'argent et les motivations inavouables de la FFJDA ou des sociétés secrètes" me semble très réducteur et un un tantinet paranoïaque. Le mythe du grand complot judéo-maconnique à la vie dur.
Le cas de Teddy RINER est l'exemple de la faillite de la chaine kokai, sempai, sensei du judo français. Ils n'ont pas été capable de transmettre un des points fondamentaux des DO japonais : l'éthique qui s'exprime d'abord dans l'étiquette. Faillite qui commence dans le petit dojo de province.
Accepter de pratiquer une discipline étrangère à notre culture, c'est :
- soulever cinq siècle de poussière (J-J Sauvage) et avoir la chance d’approcher et de vivre de l’intérieur une longue tradition forte de l’expérience des combats au sabre réel du Japon médiéval, retransmise jusqu’à nos jours par de nombreux maître et toujours vivante (P Lheureux).
- accepter d'en appliquer les règles et l'étiquette, y compris et surtout en compétition internationale, ou nous sommes à ce moment la sous les yeux des "sensei" japonais qui jugerons notre pratique sur justement ces "détails" de l'étiquette. Comme par exemple, le fait en stage de croiser les bras devant un sensei , signe de respect en France, signe d'impolitesse au japon.
- en accepter l'héritage, le bon comme le "discutable" et je n'emploie pas le mot "mauvais" car je ne me permets pas de juger les motivations des samouraïs du 17 siècle avec les yeux d'un occidental du 21 siècle.
D'autant plus que cet héritage , cet "
habillage chevaleresque du bushido" qui "
est un conte, une berceuse qui flatte l'ego, pour enfin se sentir noble, franc, loyal" est présent en permanence dans notre pratique. Lorsque nous saluons notre sabre, nous nous lions spirituellement à lui d'après ce qui nous est enseigné et mon sabre devient mon âme. Lorsque les japonais saluent l'autel, ils saluent les ancêtres, les invités d'honneur et le drapeau national. Se courber sans mettre un sens à notre salut et sans comprendre le sens qui mettent les japonais c'est ne pas comprendre l'héritage qu'ils nous transmettent.
Il me semble impossible de pouvoir appliquer une "exception culturelle française" quelconque à la pratique d'une voie de développement personnel nous venant d'une culture étrangère. L'on doit accepter tous les aspects de la pratique et en particulier l'étiquette qui est un élément fondamentale de la civilisation japonaise. Vouloir pratiquer "à la française" parce-que nous sommes un peuple individualiste c'est s'auto-barrer la voie de la progression personnelle a un moment ou un autre comme Teddy RINER vient de la faire. Cela n'a aucun rapport avec l'argent.
En définitif, si je refuse cet héritage parce qu'il serait un conditionnement et ne serait que "
conte et berceuse", pourquoi pratiquer le iaido et le kendo ? Il y a la comme une sacrée contradiction.
Après-tout, personne ne nous force a aller transpire dans un dojo.