"le kendo a sauvé le kenjutsu" ; c'est pas faut, comme dirait l'autre...
la majorité des Maitres de kenjutsu ont survécu grâce à l'introduction du kendo ( gekken ) dans leur dojo -parrallelement à leur embauche dans les polices préfectorales -.
Fin Edo les dojo de province pouvaient encore etre subventionnés par les clans mais dès la chute du bakufu les maîtres d'armes se retrouvèrent sans revenu autre que celui apportés par les adeptes - eux mêmes en mal de finances -.
Si un dojo comme celui de Maitre Chiba du Hokkushin Itto ryu a survécu
à la restauration Meiji c'est que les élèves pouvaient se mesurer aux autres à travers la pratique du kendo, et c'est le cas pour bien d'autres koryu .
Bien avant la poussée militariste imposée par le gouvernement Meiji, les Sensei avaient résolument adopté le kendo comme outil attractif pour se faire des adeptes ( et au passage les évaluer face à d'autres écoles ) .
Seules des écoles trés marquées comme le Katori ou le Kashima, ou bien ayant des traditions régionnales comme le Jigen ou le Maniwa ont vivotés dans la pratique du kenjutsu .
Le kendo no kata adopté en 1910 est justement, à mon avis, le choix de la rupture avec le kenjutsu; les mouvements sont épurés, les déplacement simplifiés, les coupes sacrifiées : la forme n'est plus, seul reste le fond mais à la discrétion du pratiquant ... suivant son niveau ( et sa motivation ) .
La codification précédente , adoptée par la police métropolitaine de Tokyo, le Keishicho ( keishi ryu ) avait l'avantage de conserver l'intégralité des kata pris dans différentes écoles . Mais la variété nuit bien évidement à l'uniformisation et l'intégration de formes de dix écoles différentes demande un savoir faire et une pratique plutôt professionelle .
Mauvais choix pour le Kokumin no Kendo ( kendo du peuple ).
Il y a parfois dans les kata de koryu de kenjutsu des similitudes avec la pratique du kendo . Il serait aisé de conclure que c'est logique; l'un descendant de l'autre .
Mais mon sentiment est que beaucoup d'écoles anciennes , au moment de la généralisation de la pratique en bogu et shinai, ont peu à peu modifié
leur transmission pour s'adapter aux temps nouveaux . De plus la pratique en ligne, en salle et sur plancher, d'un grand nombe d'adeptes, a influencé l'enseignement des Sensei . Il y a eu une "perversion " des kata si je puis dire .
C'est assez flagrant lors de la présentation des koryu , au Taikai de la ZNKR à Kyoto , ainsi qu'aux démonstrations de koryu dans les temples de la ville à la même saison ; les postures, les axes de pénétrations ou d'esquives , les plan de coupes employés témoignent de fortes différences "générationelles" .
A cela s'ajoute le fait que depuis plusieurs générations les Sensei ou Soke des écoles sont aussi de haut gradés de kendo et que leur dojo familial a justement survécu , comme je le disais plus haut, grâce à la pratique du kendo .
Ainsi on voit dans la pratique actuelle de deux écoles datant d'avant Edo, des différences dans les fondamentaux qui ne sont pas dues aux caratéristiques historiques d'alors, mais au mode de transmission qui a suivi .
Cela pour dire que non seulement le kendo a sauvé le kenjutsu ( ce n'est pas le cas du Katori on est bien d'accord Angakok

) mais il l'a même souvent influencé dans sa pratique .
Tiens ça me rapelle l'histoire du Seite Iai adopté pour remettre les kendoka sur le chemin du sabre: j'ai plutôt l'impression que finalement l'influence s'est inversé.....

oula je vais encore me faire des amis moai !